De nombreuses entreprises réfléchissent à la meilleure façon de garder leurs équipes connectées alors que tout le monde ne peut pas être au même endroit. Mais attention, le travaille à distance ne s’improvise pas. Plusieurs de mes clients m’ont demandé des recommandations pour rester productif en télétravail depuis leur domicile. Voici quelques bonnes pratiques lorsque vous êtes amené(e) à travailler à distance de vos collaborateurs et clients.
Définissez un système de travail vous permettant de faire du télétravail
Assurez-vous que vous disposez des bons outils et des bons processus avant de passer du travail au bureau au travail à domicile. Une fois qu’ils sont configurés, voici quelques étapes supplémentaires que vous pouvez prendre à l’avance :
1. Créez un alias d’équipe pour rester facilement en contact avec des équipes entières.
Une liste de diffusion par e-mail comprenant tous les membres de votre équipe vous permet de partager rapidement des informations et une chatroom (ou salle de discussion) peut être utilisée pour des discussions de groupe plus efficaces.
2. Vérifiez les autorisations de partage sur les documents importants.
Vos collaborateurs ou clients pourront modifier les documents que vous partagez avec eux et les commenter le cas échéant. Vous pouvez même envisager de créer un dossier partagé sur le cloud où vos contacts peuvent stocker, rechercher et accéder aux fichiers depuis n’importe quel appareil.
3. Créez un agenda partagé avec vos contacts.
Il vous permettra de planifiez des réunions maintenant afin de pouvoir rester en contact plus tard. Vous pouvez ainsi créer un agenda partagé Via Google, Outlook ou Mail d’Apple avec vos contacts et configurer des invitations de calendrier. Vous pourrez y joindre des documents pertinents joints à l’invitation pour expliquer le nouveau cadre de travail par exemple. C’est également une bonne idée de s’assurer que tout le monde connaît la visioconférence.
Restez connecté(e) et organisé(e) en télétravail
Maintenant que vous êtes prêt(e) à travailler à domicile, voici quelques astuce pour rester motivé(e) et réactif(ve).
1. Organisez des réunions quotidiennes.
L’isolement lié au travail à domicile est difficile à vivre pour certains une fois passés les premiers jours d’euphorie et le sentiment de liberté. En effet, la gestion du temps et la séparation entre vie personnelle et vie professionnelle sont des sujets de fond. L’entreprise doit en tenir compte. Si les conditions le permettent, la visioconférence est un excellent moyen pour vous de rester motivé(e). Essayez d’être visible à la caméra lorsque cela est pertinent, présentez un contenu adapté et n’hésitez pas à poser des questions pour déclencher des conversations. Si la visioconférence ne peut se faire dans de bonnes conditions, unemessagerie instantanée, comme Slack, ou Facebook Messenger, fera tout aussi bien l’affaire. Contrairement à l’e-mail, les messageries instantanées fonctionnent de manière synchrone. C’est-à-dire qu’elles nécessitent que les interlocuteurs soient connectés en même temps pour discuter, ce qui réduira pour vous le sentiment d’isolement et vous conduira à rester attentif.
2. Créez une espace de travail partagé.
Mettez en place un hub central pour consolider les informations et les ressources importantes que vous produisez pour vos collègues ou vos clients, et pour partager plus largement avec eux les documents dont ils ont besoin. Les plateformes collaboratives de production d’information seront pour vous un allié précieux.
Certaines sont gratuites, comme les outils de Google associés à un compte Google. D’autres sont payantes comme la G suite de Google, la suite Zoho Workplace, ou Office 365. Elles proposent un ensemble d’outils (traitement de texte, tableur, création de présentation typePowerPoint, espace partagé de stockage des documents) accessibles sur Internet via votre navigateur et qui remplaceront aisément leur version logicielle tout en facilitant la collaboration.
3. Partagez régulièrement votre travail mis à jour.
Que ce soit via un groupe de discussion dans une messagerie instantanée, par e-mail ou dans un document partagé dans le cloud (Google Drive, One Drive de Microsoft, ou Dropbox), informez vos collègues ou clients de l’avancée de votre travail. Rendez accessible vos documents mis à jour en temps réel pour toutes les parties prenantes. C’est un excellent moyen de vous sentir connecté, de garder la trace du travail accompli, et de faciliter la compréhension de ce qu’il vous reste à faire.
4. Continuez à pratiquer une bonne étiquette au travail même depuis chez vous.
Ce n’est pas parce que vos collaborateurs ne sont pas au bureau qu’ils ne sont pas occupés. Vérifiez leurs calendriers en ligne partagés avant de planifier des visioconférences. Lorsque vous vous connectez via la messagerie instantanée, commencez par demander si c’est le bon moment pour parler. Vous pouvez également informer de manière proactive vos collègues de votre propre disponibilité en configurant les heures de travail dans votre agenda en ligne ou en changeant votre statut dans la messagerie (« disponible », « indisponible »). De cette façon, si un membre de l’équipe essaie de planifier une réunion avec vous en dehors de vos heures de travail, il recevra une notification d’avertissement.
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Apprenez à partager l’espace avec votre famille en télétravail
Le partage d’espace et d’une connexion Internet à la maison signifie que vous devrez certainement, que vous le vouliez ou non, rester attentif aux besoins des autres membres de votre foyer. Voici quelques conseils qui pourraient vous être utiles pour finir.
1. Trouvez la configuration qui vous convient.
Vous devrez peut-être essayer un certain nombre de configurations différentes avant de découvrir comment rester concentré(e) et ne pas être distrait(e) par votre famille. Commencez par trouver le lieux où vous pourrez vous installer, sans gêner ni être gêné(e) par votre entourage. Parfois, ce lieu est incongru. La cuisine, un balcon ou une terrasse, la chambre, peu importe. L’essentiel est que vous puissiez cohabiter tout en étant productif.
2. Soyez (très) patient(e).
Même après plus de 10 années à travailler très fréquemment depuis mon domicile, ma famille continue à m’interrompre intempestivement. Ce n’est pas une volonté de me nuire, mais tout simplement le fait que le foyer est censé ne pas être associé à un lieu de travail. L’ordinateur par exemple est bien souvent associé à un loisir à la maison, d’autant plus par les enfants. Il leur est donc difficile d’évoluer dans ce nouveau cadre. Le reste de la famille continue sa vie habituelle alors que votre rôle a changé. Vous vous sentez comme Robinson Crusoe qui verrait des bus de touristes arriver et repartir dans un tourbillon incessant sans jamais prêter attention à votre propre rythme.
3. Isolez-vous du bruit ambiant.
Si vous cherchiez l’élément indispensable à votre productivité et votre sérennité, ne cherchez plus. Mettez un casque audio sur vos oreilles ! Si par miracle vous disposez d’un casque à réduction de bruit, vous êtes sauvé(e). Personnellement mon Bose Quiet Comfort ou mes AirPods Pro d’Apple sont mes principaux compagnons de travail. Il ne vous isolera pas seulement du bruit mais, petite astuce sournoise je l’avoue, il donnera le sentiment aux autres que vous êtes occupé(e) et que vous ne devez pas être dérangé(e).
Si vous n’en possédez pas, mais que vous devez regarder des vidéos, comme des tutoriels en ligne, ne vous inquiétez pas, vous êtes sauvé(e) ! Il est toujours possible d’activer le sous-titrage. Attention cependant. Dans le cas précis où vous devez regarder des vidéos sur YouTube, le principal danger du télétravailleur approche, la distraction et la procrastination par sérendipité.
4. Ne passez pas toute la journée devant l’écran.
Il existe de nombreux outils à votre disposition pour rester en contact avec votre équipe ou vos clients comme nous l’avons vu, que ce soit une chatroom, un document partagé, une courte enquête ou une conférence téléphonique rapide. Choisissez ce qui fonctionne le mieux, surtout si vous partagez une connexion Internet. Le travail devant l’écran est en effet fatigant et, d’autant plus en période de confinement comme avec le Covid-19. La bande passante est vite saturée, notamment par ceux qui ne travaillent pas et regardent, notamment chez vous, YouTube ou Netflix.
En conclusion
Le télétravail ne s’improvise pas comme vous avez pu le constater ou comme vous le vivez actuellement même provisoirement avec le confinement lié à la pandémie de coronavirus covid-19. Loin de chercher à être exhaustif, mon but est plutôt, à travers cet article, de vous donner quelques clefs qui vous aideront, je l’espère à mieux travailler chez vous.
Cinq ans après le lancement de l’objet connecté Echo de première génération par Amazon, les assistants vocaux sont très répandus mais relativement peu utilisés au bout du compte si ce n’est pour faire sonner le réveil matinal, obtenir la météo du jour ou jouer un morceau de musique. Il faut dire que les promotions permanentes d’Amazon et de Google, d’autant plus à Noël, n’y sont pas pour rien. Au-delà de développer toujours plus de canaux pour vendre des produits issus de sa place de marché, quitte à essuyer de cuisants échecs comme avec lancement de son smartphone Fire, Amazon n’aurait-il pas d’autres ambitions plus cachées ?
Assistants vocaux, un marché en pleine croissance
Selon une étude récente de juillet 2019 du cabinet Roland Berger communiquée par LSA, le nombre d’utilisateurs français d’assistants vocaux est estimé à 20 millions. Bien que la maturité du marché français ne soit pas la même qu’aux Etats-Unis, les enceintes vocales comptabilisent dans l’Hexagone 1,7 million d’utilisateurs, avec 600 000 unités vendues au cours de l’année 2018. A l’échelle mondiale, la tendance va s’accélérer avec une croissance annuelle de 25% jusqu’en 2023 pour atteindre 8 milliards d’assistants vocaux en circulation dans cinq ans. Et l’Asie dépasserait les Etats-Unis.
Dans la bataille commerciale qui s’est engagée entre les plus grandes entreprises technologiques américaines et chinoises, le gagnant n’est pas celui que l’on croit. Selon LSA toujours, « en matière de systèmes installés, Apple reste pour l’instant leader mondial avec Siri, qui est aussi l’assistant le plus international, ou plutôt le moins centré sur les Etats-Unis, avec seulement 24% d’assistants intégrés à des appareils en Amérique du Nord fin 2016, contre 95% pour Alexa ou son compatriote Google Assistant. Cependant les firmes asiatiques pointent plus que le bout de leur nez. Baidu a commercialisé son assistant vocal sur 200 millions d’appareils, contre 100 millions pour Alexa d’Amazon sur la même période. »
Alexa est désormais distribuée partout, capable de contrôler plus de 85 000 produits pour la maison intelligente, des téléviseurs aux sonnettes en passant par les écouteurs. Il peut exécuter plus de 100 000 «compétences» et compter. Il traite des milliards d’interactions par semaine, générant d’énormes quantités de données sur votre emploi du temps, vos préférences et vos allées et venues. L’heure n’est plus de savoir si les capacités d’Alexa sont meilleures ou moins bonnes que celles de l’assistant de Google. Alexa n’est peut-être pas à sa hauteur mais il est en phase avec les usages pour l’intant. Alexa est devenue un empire et Amazon ne fait que commencer.
Amazon veut faire d’Alexa un compagnon omniprésent qui façonne et orchestre activement votre vie.
Un récent article de la MIT Technology Review amène des précisions très intéressante concernant les projets d’Amazon. Rohit Prasad, VP et scientifique en chef d’Alexa, leur a révélé de plus amples détails sur la prochaine direction d’Alexa. De nombreuses personnes parmi vous ne pratiquant pas la langue de Shakespeare, je vous ai traduit ici partiellement cet article afin que vous puissiez mieux comprendre ces évolutions récentes dans la stratégie adoptée par Amazon. En substance, l’essentiel du plan est que l’assistant vocal passe des interactions passives aux interactions proactives.
Plutôt que d’attendre et de répondre aux demandes, Alexa anticipera ce que l’utilisateur pourrait vouloir. L’idée est de faire d’Alexa un compagnon omniprésent qui façonne et orchestre activement votre vie. Cela nécessitera qu’Alexa vous connaisse mieux que jamais.
Rohit Prasad, VP et scientifique en chef d’Alexa
En fait, Prasad, qui a exposé sa vision de l’avenir d’Alexa au WebSummit à Lisbonne, au Portugal, en novembre 2019, a donné au monde un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler ce changement. En juin, lors de la conférence re: Mars, il avait déjà présenté une fonctionnalité appelée Alexa Conversations, montrant comment elle pourrait être utilisée pour vous aider à planifier une soirée. Au lieu de lancer manuellement une nouvelle demande pour chaque partie de la soirée, il vous suffit de commencer la conversation, par exemple en demandant de réserver des billets de cinéma. Alexa ferait ensuite un suivi pour vous demander si vous vouliez également faire une réservation au restaurant ou appeler un Uber.
Pour accélérer cette transition, Amazon a besoin à la fois de matériel et de logiciels. En septembre, le géant de la technologie a lancé une suite de produits Alexa «on the go», dont les Echo Buds (écouteurs sans fil) et Echo Loop (une bague intelligente).
Tous ces nouveaux produits permettent à Alexa d’écouter et de consigner des données sur une partie considérablement plus grande de votre vie, pour mieux offrir une assistance informée de vos allées et venues, de vos actions et de vos préférences.
Rohit Prasad, VP et scientifique en chef d’Alexa
Du point de vue logiciel, ces capacités nécessiteront qu’Alexa utilise de nouvelles méthodes pour traiter et comprendre toutes les sources d’informations disparates. Au cours des cinq dernières années, l’équipe de Prasad s’est concentrée sur le renforcement de la maîtrise des fondamentaux de l’IA par l’assistant, comme la reconnaissance vocale et vidéo de base, et sur l’élargissement de sa compréhension du langage naturel. En plus de cette fondation, ils ont maintenant commencé à développer les capacités intelligentes de prédiction et de prise de décision d’Alexa et, de plus en plus, sa capacité de raisonnement de plus haut niveau. En d’autres termes, l’objectif est que les capacités d’IA d’Alexa deviennent beaucoup plus sophistiquées en quelques années.
Objectif : rendre Alexa plus intelligente
Voici comment les mises à jour logicielles d’Alexa peuvent être mutualisées pour exécuter un scénario de sortie nocturne. Afin de répondre à une demande d’achat de billets de cinéma suivis d’un dîner avec des amis et d’une réservation d’un Uber, un réseau de neurones apprend, grâce à des milliards d’interactions avec les utilisateurs par semaine, à reconnaître les Skills couramment utilisées les unes avec les autres. C’est ainsi que la prédiction intelligente entre en jeu. Lorsque suffisamment d’utilisateurs réservent un dîner après un film, Alexa regroupera les Skills et les recommandera conjointement. Pour rappel, les Skills sont les applications vocales conçues par des entreprises ou marques qui permettent aux internautes d’effectuer des tâches du quotidien en interagissant naturellement avec leurs contenus par la voix via Alexa.
Mais le raisonnement est nécessaire pour savoir à quelle heure réserver le Uber. En tenant compte de votre emplacement et de l’emplacement du cinéma, de l’heure de début de votre film et du trafic attendu, Alexa détermine quand la voiture devrait venir vous chercher pour vous y rendre à l’heure.
Prasad imagine de nombreux autres scénarios qui pourraient nécessiter un raisonnement plus complexe. Vous pourriez imaginer un Skill, par exemple, qui vous permettrait de demander à vos Echo Buds où se trouvent les tomates pendant que vous vous trouvez dans Whole Foods. Les Buds devront enregistrer que vous êtes dans le Whole Foods, accéder à une carte de son plan d’étage, puis vous dire que les tomates sont dans l’allée sept. C’est dire tout le potentiel de business envisageable grâce à la stratégie d’intégration, de rachat ou de partenariats avec d’autres acteurs comme la chaîne Whole Foods (rachetée par Amazon) ou Monoprix (partenariat avec le groupe Casino).
Dans un autre scénario, vous pourriez demander à Alexa depuis votre domicile via Echo de vous envoyer une notification si votre vol est retardé. Au moment de le faire, vous conduisez peut-être déjà. Alexa doit se rendre compte (en identifiant votre voix dans votre demande initiale) que vous, pas un colocataire ou un membre de la famille, avez besoin de la notification et, sur la base du dernier appareil compatible Echo avec lequel vous avez interagi, que vous êtes maintenant dans votre voiture. Par conséquent, la notification devrait être faite dans votre voiture plutôt qu’à votre domicile.
Ce niveau de prédiction et de raisonnement devra également prendre en compte les données vidéo, car de plus en plus de produits compatibles Alexa incluent des caméras. Disons que vous n’êtes pas à la maison, pense Prasad, et une éclaireuse scout frappe à votre porte pour vendre des cookies. L’Alexa sur votre Amazon Ring, une sonnette équipée d’une caméra, devrait enregistrer (via une entrée vidéo et audio) qui est à votre porte et pourquoi, et, sachant que vous n’êtes pas à la maison, vous envoyer une note sur un appareil Alexa à proximité vous demandant combien de cookies vous voulez, et les commandez en votre nom. Bon là, il faut reconnaître que ce scénario est loin d’être le plus probable, surtout en dehors des États-Unis.
Pour rendre cela possible, l’équipe de Prasad teste actuellement une nouvelle architecture logicielle pour le traitement des commandes utilisateur. Cela implique de filtrer les informations audio et visuelles à travers de nombreuses autres couches. Alexa doit d’abord enregistrer le Skill auquel l’utilisateur tente d’accéder parmi les quelque 100 000 disponibles. Ensuite, il devra comprendre la commande dans le contexte de l’identité de l’utilisateur, de l’appareil utilisé par cette personne et de son emplacement. Enfin, il devra affiner la réponse sur la base des préférences précédemment exprimées par l’utilisateur.
« Voici ce que sera selon moi l’enjeu dans les prochaines années : (apprendre à mieux) raisonner et rendre (le raisonnement) plus personnalisé, avec plus de contexte», explique Prasad. « C’est en somme rassembler toutes les données possibles pour prendre des décisions en masse. »
Une limite : l’acceptation de l’utilisation des données personnelles par Alexa
D’un point de vue technique, tout cela serait une réalisation incroyable. Ce dont Prasad parle – combiner diverses sources de données et méthodes d’apprentissage automatique pour mener un raisonnement de haut niveau – est un objectif des chercheurs en intelligence artificielle depuis des décennies.
Du point de vue du consommateur, cependant, ces changements ont également des implications critiques en matière de confidentialité. La vision de Prasad exposée dans l’article de la MIT Technology Review suppose effectivement qu’Alexa vous suivra partout, connaîtra assez bien ce que vous faites à un moment donné et sera l’interface principale pour la façon dont vous coordonnez votre vie. À la base, cela nécessite de ramasser d’énormes quantités de détails intimes sur votre vie. Certains craignent qu’Amazon n’aille finalement au-delà de cette base de référence en utilisant vos données pour faire de la publicité et vous profiler.
«Il s’agit en fin de compte de monétiser la vie quotidienne des individus et des groupes de personnes», explique Jeffrey Chester, directeur exécutif du Center for Digital Democracy, une organisation de défense de la vie privée des consommateurs basée à Washington, DC.
Rohit Prasad, VP et scientifique en chef d’Alexa
Lorsqu’il a insisté sur ce point, Prasad a souligné que son équipe avait facilité la suppression automatique de leurs données par les utilisateurs et leur retrait de l’examen humain. Cependant, aucune des deux options n’empêche les données d’être utilisées pour former la myriade de modèles d’apprentissage automatique d’Alexa. En fait, Prasad a fait allusion à des recherches en cours qui feraient passer le processus de formation d’Alexa à un processus où les modèles peuvent être rapidement mis à jour chaque fois qu’il y a de nouvelles données utilisateur, garantissant plus ou moins que la valeur de ces données sera capturée avant d’être éliminée. En d’autres termes, la suppression automatique de vos données signifie uniquement qu’elles ne seront toujours pas là pour former les futurs modèles une fois les algorithmes de formation mis à jour; pour les modèles actuels, vos données seraient utilisées à peu près de la même manière. (Dans les demandes de suivi, un porte-parole d’Amazon a déclaré que la société n’avait pas vendu les données collectées par Alexa à des annonceurs tiers ni à cibler la publicité, sauf si l’utilisateur accédait à un service via Alexa, comme Amazon.com.)
Jen King, directrice de la protection de la vie privée au Center for Internet and Society de la Stanford Law School, estime que ces types de contrôle des données sont beaucoup trop superficiels. «Si vous voulez donner aux gens un contrôle significatif, vous devez être en mesure de respecter leur décision de se retirer complètement ou de leur donner plus de choix sur la façon dont leurs données sont utilisées», dit-elle. « Apporter une aide fonctionnelle en fonction d’un contexte local pourrait se faire d’une manière extrêmement respectueuse de la vie privée. Je ne pense pas que ce scénario doit être intrinsèquement problématique. »
En pratique, King envisage que cela signifie plusieurs choses. Tout d’abord, au minimum, Amazon devrait demander aux utilisateurs de choisir plutôt que de refuser de laisser leurs données être utilisées. Deuxièmement, Amazon devrait être plus transparent quant à son utilisation. Actuellement, lorsque vous supprimez vos données, ce que l’entreprise a peut-être déjà fait n’est pas clair.
« Imaginez que vous ayez une caméra de surveillance AI dans votre maison et que vous avez oublié qu’elle était allumée et que vous vous promeniez nue dans la maison », dit-elle. « En tant que consommateur, il serait utile de savoir, lorsque vous supprimez ces fichiers, si le système les a déjà utilisés pour former l’algorithme qu’il utilise. »
Jen King, directrice de la protection de la vie privée au Center for Internet and Society de la Stanford Law School
Enfin, Amazon devrait donner aux utilisateurs plus de flexibilité quant au moment et à l’endroit où ils peuvent utiliser leurs données. Les utilisateurs peuvent être heureux, par exemple, de renoncer à leurs propres données tout en voulant que leurs enfants soient hors limites. «Les entreprises technologiques ont tendance à concevoir ces produits avec cette idée que c’est tout ou rien», dit-elle. «Je pense que c’est une façon vraiment peu judicieuse de l’aborder. Les gens peuvent vouloir une partie de la valeur ajoutée de ces systèmes, mais cela ne signifie pas qu’ils les veulent dans tous les aspects de leur vie. «
La vision ultime de Prasad est de rendre Alexa disponible et utile pour tout le monde. Même dans les pays en développement, il imagine des versions moins chères auxquelles les gens peuvent accéder sur leur smartphone. «Pour moi, nous sommes en train de déplacer la charge cognitive sur les tâches de routine», dit-il.
« Je veux qu’Alexa soit un améliorateur de productivité … pour être vraiment omniprésent afin qu’il fonctionne pour tout le monde. »
L’intelligente artificielle et le Deep Learning sont au coeur des discussions technophiles actuelles. Mais au-delà des fantasmes technophobes, une question demeure : peut-on et faut-il rendre une machine intelligente ? Quelles en seraient les conséquences sur votre humanité ?
Ordinateur et intelligence artificielle
Les premiers ordinateurs était des machines que peu de personnes auraient pu désigner comme intelligentes. De simples calculateurs à cartes perforées qui comptaient et classaient dès la fin du XIXème siècle. La deuxième génération ne fut pas plus intelligente. Mais le fait qu’elle soit programmable, qu’on lui fournisse des instructions pas à pas pour effectuer des tâches, nos fameux algorithmes, était déjà une nette avancée. L’ENIAC, premier ordinateur électronique utilisé dans les années 50 aux États-Unis, en fut l’illustration. L’intelligence, qu’elle qu’en soit sa nature et sa forme, humaine ou artificielle, suppose cependant la capacité d’apprendre. C’est là que la troisième génération entre en jeu de nos jours, elle sera auto-apprenante ou ne sera pas.
De l’intelligence artificielle à l’intelligence augmentée
Développer une intelligence artificielle, IA pour les fans d’acronyme, est bien plus complexe qu’il n’y parait. Plus de soixante ans après la création du test d’Alan Turing, via lequel une machine ne pourrait être distinguée d’un humain dans un questionnaire, il faut bien admettre qu’aucune machine pensante n’a encore vu le jour. Si ce n’est au cinéma sous la forme angoissante du Hal de 2001, L’Odyssée de l’espace. Lorsque l’intelligence artificielle fut lancée en tant que domaine scientifique en 1956 au Dartmouth College, John McCarthy et Marvin Minsky pensaient que développer une IA aboutirait à copier le fonctionnement du cerveau. Le fruit de ces recherches aboutit au concept du Perceptron qui resta à l’état de projet et ne vit jamais le jour. Plutôt qu’une machine intelligente, la voie qui s’ouvre à nous ressemble bien plus à une collaboration, un processus que Douglas Engelbart définissait comme une « coévolution » entre l’homme et la machine.
De la symbiose homme-machine…
Un des actes fondateurs des innovations liées à l’intelligence artificielle fut « la Mère de toutes les démos » en décembre 1968 par Engelbart. Il s’était choisi pour mission d’inventer des moyens par lesquels l’informatique pourrait augmenter l’intelligence humaine. Fortement influencé par le memex de Vannevar Bush (Life, « Comme nous pouvons le penser »), un concept de système personnel de stockage et de partage d’informations, il chercha à mettre au point dès 1950 un système qui permettrait aux humains de gérer la complexité auquel il donna le nom d’intelligence augmentée. À partir de 1957, il travailla au SRI (Stanford Research Institut) qui cherchait à créer un sysfème qui imiterait les réseaux de neurones du cerveau humain. Engelbart y poursuivait une autre voie, non pas remplacer la pensée humaine par une intelligence artificielle, mais combiner l’esprit intuitif de l’individu avec les capacités de traitement de la machine dans une symbiose entre l’humain et l’ordinateur, idée énoncée en 1960 par Licklider dans son article « La symbiose homme-ordinateur ». Engelbart décrivit sa vision en 1962 dans l’ouvrage « Augmenter l’intellect humain » et y reprit l’idée de Bush qu’ordinateur et humain pourraient interagir en temps réel au travers d’interfaces simples comprenant des écrans graphiques, des curseurs et des dispositifs de saisie. Cette conception de l’interaction homme-machine s’est quelque peu infléchie depuis quelques années vers une limitation de l’interface graphique au profit de l’interface vocale jusqu’à s’affranchir peut être un jour de l’écran. On songe en cela à la reconnaissance vocale des assistants virtuels tels que Siri d’Apple, Cortana de Microsoft ou celle de Google bien entendu. Mais l’écran demeure. Amazon a ouvert une brèche dans l’appel à l’écran avec le lancement il y a quelques années de l’Amazon Echo et son interface vocal. Suivi depuis quelques mois par Google. Mais le chemin est encore long pour faire passer la machine du rang d’assistant à celui de compagnon naturel.
À la cohabitation homme-machine ?
De la notion de symbiose homme-machine découle celle d’écosystème, donc d’équilibre, entre notre part d’humanité et la machine. D’où le fantasme d’une espèce hybride humanoïde ou la quête des transhumanistes pour augmenter l’Homme, le rendre « réparable », « l’optimiser » comme tous solutioniste de la Silicon Valley en rêve. Mais comment faire cohabiter l’homme et la machine ? Doit-elle rester une composante mécanique, organique, comme une prothèse ou un exosquelette ? Où faudrait-il envisager qu’elle partage notre cognition ?
Cette cohabitation possible soulève par ailleurs d’autres questions. Il est assez étonnant de constater que lorsque un humain bouscule un chien robot avec un coup de pied pour le déstabiliser – et prouver ainsi la performance de ses programmes algorithmiques qui calculent en temps réel sa position pour qu’il ne tombe pas – nous faisons preuve d’empathie pour la machine (j’ai d’ailleurs faillit écrire « lorsque un humain maltraite un chien robot »). Face à ces images, on ne peut s’empêcher de voir l’humain comme un bourreau alors que la machine n’éprouve ni douleur ni émotion.
À l’heure actuelle, combien même les recherches en intelligence artificielle avancent à grand pas, elle reste encore à un stade embryonnaire de son développement. Quoi que… Google vient d’annoncer que dans le cadre de ses recherche sur le Deep Learning, à savoir la manière dont des ordinateurs peuvent évoluer de façon autonome grâce à des algorithmes, son programme de recherche en intelligence artificielle Google Brain vient de franchir un grand cap. Comme nous le précise le Science Post,
« les chercheurs sont parvenus à faire communiquer deux IA nommées Alice et Bob entre elles, alors que de son côté, une troisième IA du nom d’Eve avait pour but d’intercepter leurs communications. Alors qu’ils n’avaient mis aucun algorithme spécifique en place, les chercheurs ont constaté que ces deux ordinateurs ont sécurisé leurs communications par le biais d’un chiffrement qu’ils avaient eux-mêmes développé. Si la troisième IA est parvenue à intercepter certaines communications, la majorité d’entre elles sont restées indéchiffrables. Ce n’est là qu’un début, mais cela donne une idée du futur des intelligences artificielles qui pourront ainsi être capables de communiquer dans un langage unique que nous ou d’autres ordinateurs ne pourrons peut-être pas déchiffrer ».
Science Post
De telles avancées techniques sont, certes, remarquables, mais s’inscrivent dans un contexte de laboratoire, bien loin due toute autonomie. Sarah Connor peut ouvrir sa porte sans sortir son flingue et Skynet retourner à ses calculs.
Bizarrement, Jeff Bezos est inconnu du grand public, alors même que chaque internaute est passé et passera un jour par la plateforme d’e-commerce qu’il a créée au milieu des années 1990, Amazon.com. Pour ceux qui connaissent son nom et son histoire, ou l’ont rencontré, les avis sont partagés entre son intelligence, sa persévérance ou sa capacité de résilience hors du commun que tout le monde reconnaît, et les dures conditions de travail qu’il impose à ses salariés. Sans parler des conditions faites aux fournisseurs de sa place de marché qui n’offrent aucune marge de manoeuvre.
Il suffit de voir le nombre d’articles paraissant chaque semaine dans le monde sur lui-même et ses entreprises, qu’il s’agisse du rachat du Washington Post, un des plus grand journaux quotidiens américain en 2013, ou de Blue Origin, une société de lanceurs spatiaux concurrents de SpaceX d’Elon Musk qu’il a créé en 2000, ou plus récemment de l’ampleur de sa fortune personnelle qui en fait l’homme le plus riche de la planète avec Bill Gates, pour saisir l’ampleur du phénomène. Quelle est donc sa méthode ? Comment aborde-t-il chacun de ses projets ?
Comme lors du premier article de cette série de portraits des leaders et influenceurs du monde numérique, en l’occurrence celui de Elon Musk, je vous propose de découvrir cette semaine Jeff Bezos. Mon but n’est pas de relayer ici une énième rumeur, ni de gloser sur ses échecs passés et futurs. Cet article a pour objectif de prendre du recul, j’espère même de la hauteur, afin de dresser une liste des points clefs permettant de comprendre l’approche de Jeff Bezos dans chacun de ses projets. J’ai volontairement ôté dans les principes énoncés tout élément spécifique à un domaine en particulier, afin de les rendre le plus universel possible et à même de s’appliquer à de nombreux secteurs, si tant est que cela soit possible ou souhaitable. Je les utilise uniquement pour illustrer chacun des points. Je le vois plutôt comme une source de réflexion et un guide permettant de redéfinir l’approche d’un sujet d’innovation ou de rupture.
Il existe des moments clefs dans l’existence où il faut organiser sa vie et ses choix de carrière dans un « cadre de regret minimum ».
La prise de risque est un des traits caractéristiques et redondants des entrepreneurs, d’autant plus lorsqu’ils sont visionnaires. C’est le cas de Jeff Bezos lorsqu’il décida de fonder Amazon.com sans quasiment aucune ressource et avec l’aide de ses parents. Amazon est une histoire familiale.
« Qu’est-ce que tu racontes ? Tu vas vendre des livres sur Internet ? »
Telles sont les paroles des parents de Jeff Bezos lorsqu’il leur annonça son choix de quitter un emploi confortable dans un hedge fund (Desco) à New York, acteur du développement des premiers algorithmes dans le monde de la finance. Et c’est ainsi que, plutôt que de poursuivre une carrière brillante chez Desco où il côtoyait plus des mathématiciens et des experts scientifiques que des financiers, il décida de prendre une autre voie pour ne rien regretter.
« Je savais alors que, lorsque j’aurais 80 ans, je ne me soucierais pas de savoir pourquoi j’avais dit adieu à mes bonus de Wall Street en 1994, au moment le moins opportun qui soit. »
Observer les choses de façon différente pour en améliorer la compréhension.
Jeff Bezos a fait sienne la maxime d’Alan Kay « un point de vue vaut 80 points de QI ». Il souligne par là l’importance de tirer des leçons de chaque rencontre et chaque circonstance. L’écoute est primordiale pour faire la différence dans vos projets, quand bien même les propos de votre interlocuteur seraient contraires à vos idées ou bousculeraient votre propre vision. Dans les premiers temps d’Amazon, Jeff Bezos fut confronté à un cadre d’une maison d’édition furieux que le site présente des critiques négatives des livres, rédigées par les lecteurs ou certains employés d’Amazon. Selon lui son métier était de vendre des livres et non de les critiquer. C’est là un point de vue qui permit à Bezos de comprendre la véritable nature de son business :
« Nous ne gagnons pas d’argent lorsque nous vendons des livres. Nous gagnons de l’argent lorsque nous aidons nos clients à prendre des décisions d’achat. »
Cette prise de conscience scelle toute la stratégie mise en place depuis lors, fournir la meilleure expérience client possible, au risque de ne pas être compris à court terme. Mais plus que cela, cette affirmation illustre un point central à mon sens pour mener à bien un projet de business : se détacher de l’approche produit (« mon entreprise conçoit telle produit ou propose tel service », ici « nous vendons des livres ») pour être capable de se définir par l’approche centrée sur le client (« mon entreprise aide telle type de personne à mieux… », ici « nous aidons nos clients à prendre des décisions d’achat. »). Ce changement de paradigme est essentiel dans un monde numérique.
Cette approche est au coeur de mon travail de consultant en transformation digitale et nourrit de nombreuses discussions avec mes clients chefs d’entreprises et cadres dirigeants. C’est un changement de perception et de vision parfois difficile à opérer car il remet en cause l’existant, et conduit à revoir l’ensemble de l’organisation et des process sous un nouveau jour. Mais c’est aussi l’occasion unique de fédérer tous les collaborateurs et d’envisager l’avenir plus sereinement en faisant adopter le projet d’entreprise par tous et à les associer à sa réussite.
Le long terme doit prévaloir sur tout le reste.
Lors d’un interview de Jeff Bezos pour la Harvard Business Review en 2013, le fondateur d’Amazon déclara : « if you’re long term oriented, customer interests and shareholder interests are aligned. In the short term, that’s not always correct. » Autrement dit :
« Si vous privilégiez le long terme, les intérêts des clients et des actionnaires s’alignent. Concernant le court terme, cela n’est souvent pas vrai ».
Il ne faut pas oublier qu’Amazon a créé l’e-commerce moderne et cette recherche d’innovation constante ne peut porter ses fruits que dans le temps long car, comme chacun le sait, l’innovation n’est pas une science exacte et les incidents de parcours sont nombreux pour aboutir à un résultat viable. L’innovation est faite de tâtonnements et de hasards qui génèrent des risques importants, ce que le marché déteste par-dessus tout dans sa course au profit à court terme.
Il n’est pas besoin d’être un acteur du CAC40 pour confondre vitesse et précipitation sous la contrainte du marché, ou négliger le respect du temps long. Cette nécessité temporelle s’impose à toutes les personnes et entreprises devant mettre sur le marché un produit ou un service, ou mener une transformation digitale à son terme. Je suis de mon côté souvent confronté à des clients qui ont tendance à vouloir griller les étapes, sous prétexte d’être « agile ». Ce terme revient bien souvent dans leurs briefs mais, comme le dit le dicton, « Rome ne s’est pas faite en un jour ». La vision doit être à long terme et l’exécution à court terme, à condition d’être structurée pour la mener à bien.
Ne pas limiter son horizon
Très vite, Jeff Bezos sut que la création d’Amazon.com ne visait pas à se cantonner à vendre des livres. C’est tout un secteur d’activité qu’il envisageait de créer grâce à une plateforme commerciale numérique universelle destinée à présenter et vendre tout ce qui existe. Amazon tire d’ailleurs son nom du fleuve sud-américain, le plus grand de tous, comme l’entreprise qui a vocation à être la plus grande plateforme commerciale au monde. À tel point qu’aujourd’hui Amazon vend plus de non-alimentaire en France que Carrefour et Leclerc.
En effet, Amazon n’est pas un acteur de l’e-commerce, c’est une plateforme numérique commerciale. Comme Google est une plateforme numérique d’information, Microsoft une plateforme numérique de productivité, Apple une plateforme numérique personnelle. Jeff Bezos a très vite compris qu’en atteignant une certaine taille critique, c’est l’ensemble du commerce, on et offline, qui serait le terrain de jeu d’Amazon. Grâce à la puissance et l’efficacité de sa chaîne logistique intégrée et de ses services dans le cloud (Amazon Web Service), bien souvent utilisés par ses concurrents, l’entreprise est capable de fournir un service vertical « liquide » sans aspérité dans le passage du magasin physique au magasin en ligne.
Il ne restait plus à Jeff Bezos qu’à déployer Amazon dans le monde physique. Il a à la fois racheté certains acteurs, le dernier en date étant la chaîne de supermarchés bio Whole Foods Market, mais il déploie aussi actuellement certains points de vente comme Amazon Go, un magasin connecté sans caisse, ou l’ouverture de librairies physiques, les Amazon Books, après en avoir fait fermé plus d’une. C’est une stratégie classique de désintermédiation / réintermédiation mais double puisqu’elle a lieu à la fois online et offline.
Ne pas avoir peur d’être incompris
Mener une stratégie à long terme amène à faire des choix difficilement compréhensibles car incompatibles avec la vision financière de la majeur partie des entreprises. La vision centrée sur le client est un acte de foi qui va à l’encontre des résultats financiers à court terme. Mais peu rapporter gros à plus long terme.
Satisfaire l’expérience client au détriment des bénéfices fut longtemps incompris. Lorsque Amazon lança la place de marché Amazon Market Place face à son propre site e-commerce, de nombreux analystes ont critiqué ce qui leur a semblé être un acte de cannibalisation de ses propres revenus. De même que le lancement du Kindle et le développement de la vente des e-books ont été perçus comme incompréhensibles face au produit phare qu’est le livre imprimé au coeur du business d’Amazon. Pourquoi Amazon se tire-t-il une balle dans le pied, pouvait-on lire ?
Si Amazon est devenu le leaders du e-commerce du monde occidental, pourquoi ne profite-t-il pas de sa position dominante pour augmenter les prix et générer un chiffre d’affaire plus important ? Encore et toujours la même réponse : la satisfaction client. Plus qu’une déclaration, c’est le critère d’évaluation et de pilotage de la stratégie de l’entreprise.
Savoir prendre des risques et apprendre de ses erreurs
Le terme intrépide revient très fréquemment dans le vocabulaire de Jeff Bezos. Cette intrépidité s’illustre déjà dans sa stratégie à long terme et s’appuie sur sa capacité à ne pas chercher à être compris. Jeff Bezos est entièrement concentré sur son objectif et a fait sienne la culture du Test and Learn difficile à accepter pour notre culture française de gestionnaire du risque maximale, quitte à devenir attentiste et immobile.
Lors de sa première lettre aux actionnaires d’Amazon en 1998, il déclara :
« Nous allons prendre des décisions non pas timides mais intrépides en matière d’investissement. Nous voulons augmenter les probabilités de gagner des positions clés sur notre marché. Certains de ces investissements seront rentables, d’autres non. Quoi qu’il en soit, nous aurons appris des leçons précieuses à chaque fois. »
Cette approche du business est aussi ce qui différencie Amazon de l’Apple aujourd’hui et du Microsoft des années 1990 et 2000. Du temps de Steve Jobs et de sa formule devenue célèbre, Think Different, l’intrépidité était de mise, de même que chez Microsoft du temps de Bill Gates, et de nouveau avec Satya Nadella, son nouveau PDG. Cette intrépidité est à la fois une question de caractère et le trait caractéristique des entreprises innovantes.
Satisfaire les clients avant tout
L’expérience client la plus aboutie possible est le résultat de nombreuses années d’observations et d’analyses qui ne trouvent leur confirmation que dans le temps et les effets d’échelle. Plus le temps passe, plus l’analyse du comportement client s’affine et plus les recommandations s’affinent. Ce qui augmente d’autant sa notoriété, et attire de nouveaux clients. Nouveaux clients qui à leur tour optimisent les recommandations de la plate-forme et affinent la connaissance client. Les algorithmes à l’origine des recommandations de produits sont d’autant plus précis qu’ils brassent des données nombreuses.
Il s’agit d’un cercle vertueux. Le cycle commence par une expérience client particulièrement agréable, qui conduit à un grand volume de trafic. Les clients satisfaits attirent alors encore plus de clients, principalement par le bouche à oreille. Cette croissance constante de clients attire d’autant plus de fournisseurs via Amazon ou sa place de marché, ce qui augmente d’autant plus l’offre disponible et attire toujours plus de clients par un choix accru. Sans cette vision à long terme, Amazon Market Place, Amazon Web Services, ou Amazon Prime, n’auraient pu voir le jour.
Afin de satisfaire l’attente du client par la proposition de services inégalés et la recherche des prix les plus attractifs, Amazon a déployé une stratégie commerciale de la terre brulée. Pour imposer des conditions commerciales aussi strictes et défavorables aux fournisseurs, Amazon a d’abord dû atteindre une taille critique pour imposer ses règles. Plus le service s’améliore, plus Amazon gagne de clients. Plus les clients sont nombreux, plus Amazon peut dicter les règles à ses fournisseurs. Jusqu’à représenter 30% du chiffre d’affaire mondial pour certains d’entre eux comme Hachette Livre.
En résumé
Jeff Bezos a construit sa stratégie à long terme sur la satisfaction client, quitte à ne pas suivre les règles du marché et à ne pas être compris,
Il a créé un standard de satisfaction et de service client que ses concurrents peuvent difficilement copier, grâce à sa stratégie à long terme qui lui a permis de collecter des données massives (Big Data) traitées par des algorithmes complexes sur les comportements d’achats des internautes pendant des décennies,
Il fixe lui-même les règles du jeu grâce à un cercle vertueux pour lui qui devient une dépendance et se renforcent pour ses fournisseurs au fur et à mesure que ses parts de marché augmentent,
Il renforce ses parts de marchés en intégrant on et off-line et il crée des synergies d’affaires grâce à son activité de logistique pour la distribution et la livraison des produits qu’il vend,
Il n’exclut aucun secteur d’activité, de l’alimentation au prêt-à-porter et jusqu’au monde du luxe en s’appuyant sur ses points forts (chaine logistique, infrastructure numérique, base de clientèle, etc.),
Son agilitélui permet de jouer avec les règlementations internationales qui deviennent pour des concurrents nationaux des freins plus que des avantages.
Que feriez-vous si votre gouvernement pouvait examiner chaque message, photo et conversation que vous avez eu? Comment les citoyens devraient-ils réagir à la surveillance technologique de masse par un gouvernement élu démocratiquement? Edward Snowden a révélé l’un des plus grands secrets du gouvernement américain: un système de surveillance massif qui mémorise toutes les communications sur Internet et les stocke pour toujours. Pour la première fois, Snowden décrit son parcours, les idéaux qui l’ont inspiré pour révéler ces secrets et leur signification pour chacun de nous aujourd’hui.
Une histoire de famille engagée pour servir la Défense américaine
Né en Caroline du Nord en 1983, Edward Snowden fait partie de la dernière génération dont les activités ont été couchées sur des supports non numériques, dans des journaux intimes, des polaroïds et des bandes VHS, et non sur des périphériques en réseau connectés au cloud. Snowden est né dans une famille qui a servi dans tous les conflits et guerres de l’histoire américaine de la révolution à la seconde guerre mondiale. L’amour de Snowden pour les gadgets a commencé assez tôt, alimenté par son père, ingénieur en aéronautique et électronique à la Garde côtière, qui apportait à la maison de nouveaux appareils toutes les deux semaines. Les premières années de Snowden ont été remplies de jeux vidéo Nintendo et ont visité le laboratoire d’électronique de son père, où il a vu un ordinateur pour la première fois. Cette rencontre a marqué le début d’une fascination de toute une vie pour les ordinateurs et la programmation qui prendra bien souvent le dessus sur ses études scolaires. Sa mère, quant à elle, travaillait pour la N.S.A. (National Security Agency). Son enfance fut donc baignée dans un contexte de proximité avec la Défense américaine, tant géographiquement que culturellement.
Snowden raconte qu’il passait ainsi des nuits entières sur Internet, perdu dans un monde infini d’informations et de possibilités. L’anonymat d’Internet a permis au jeune Snowden de s’exprimer librement et lui a donné la liberté intellectuelle de forger ses opinions… et de pirater, à commencer par son école. En effet, pour passer plus de temps sur Internet, Snowden avait trouvé des moyens ingénieux de pirater une école en exploitant ses vulnérabilités. Il avait analysé son programme de cours et trouvé ainsi des moyens intelligents d’obtenir des notes décentes sans devoir faire ses devoirs. Ce penchant fut renforcé lorsque, atteint de mononucléose infectieuse pendant quatre mois, son état de santé fragile l’amena à développer sa pratique de l’informatique et des réseaux.
Le 11 septembre 2001, un événement fondateur
Un des actes fondateurs de son engagement pour la Défense américaine fut, au-delà de son histoire familiale, le 11 septembre 2001. Snowden était à Fort Meade ce jour là et il fut témoin du tumulte lorsque la NSA et la CIA reçurent l’ordre d’évacuer leurs bureaux. Cet événement extraordinaire laissa une empreinte durable sur lui et marqua un tournant fondamental dans la vie de Snowden.
Son éthique anti-establishment céda la place à un désir ardent de servir son pays en uniforme. Il fut autorisé à entrer dans l’armée et suivre l’entraînement des forces spéciales en tant que sergent, une filière d’élite habituellement réservée aux soldats de l’armée. Mais un accident pendant l’entraînement provoqua de graves fractures de stress et il fut renvoyé.
Pendant sa convalescence, Snowden sentit qu’il pourrait mieux servir l’Amérique grâce à ses compétences en informatique et commença à travailler pour la communauté du renseignement. Étant donné que la plupart des postes vacants au sein du gouvernement étaient contractuels, il travailla officiellement pour la société COMSO, mais son véritable travail consistait à assurer la maintenance des serveurs de la CIA depuis son siège.
L’agent Snowden
Au bout d’un certain temps, Snowden fut transféré afin de travailler directement pour la CIA en tant qu’officier de la sécurité de l’information des télécommunications, chargé de la maintenance d’à peu près tout, des serveurs aux panneaux solaires, au sein des stations de renseignement secrètes des ambassades américaines à l’étranger. Après une période de formation, Snowden partit donc travailler à Genève et mit ses compétences en espionnage numérique au service des agents de la CIA. Il a par la suite décroché un contrat avec la NSA au Japon en tant qu’ »’employé » de Dell.
Une nouvelle opportunité allait cependant, sans qu’il le sache, bouleverser sa vie. Bien que la NSA soit plus avancée que la CIA en termes de cyberintelligence, elle manquait des mécanismes de sécurité et de sauvegarde les plus élémentaires. Snowden a donc été chargé de créer EPICSHELTER, un système complet de reprise sur sinistre capable de rétablir le fonctionnement normal de tous les systèmes, même en cas de panne de Fort Meade.
STELLARWIND, ou la découverte fortuite d’un secret d’état
Lors de son travail sur les systèmes de la NSA, Edward Snowden fit une découverte fortuite qui lui révéla l’existence du programme STELLARWIND de la NSA, conçu pour la surveillance de masse de toutes les communications Internet à travers le monde. Ces données devaient être stockées à perpétuité pour être recherchées à volonté. La collecte continue et le stockage permanent de toutes les données signifiait que n’importe qui pouvait faire l’objet de pression ou d’accusations à tout moment grâce à cette collecte secrète et illégale de données personnelles. Snowden se rendit alors compte que son travail ne protégeait que la NSA, et non son pays.
Jusque là, les deux pays qui avaient tenté une surveillance massive étaient l’Allemagne nazie et l’Union soviétique de Staline. Désormais le gouvernement américain de George W. Bush décidait d’emprunter la même voix en s’appuyant sur les technologies numériques récentes, mais avec une efficacité et des proportions toutes autres. N’oubliez pas qu’un seul smartphone a aujourd’hui plus de puissance de calcul que les ordinateurs du Reich et de l’Union soviétique réunis à l’époque.
Lors de cette découverte, le gouvernement héberge donc volontiers des photos et des fichiers privés sur des services de cloud computing, cède la propriété des données et rend des entreprises des télécommunications et les GAFAM complice de la surveillance de masse. Cela a généré d’énormes revenus pour les entreprises, tandis que le gouvernement faisait du braconnage de données, soit par le biais de mandats secrets, soit en surveillant ces entreprises elles-mêmes.
Pliant sous le poids de telles informations, et de la culpabilité d’avoir contribuer à ce système de surveillance malgré lui, Snowden fut obligé de prendre un congé d’invalidité de courte durée à cause de crises d’épilepsies récurrentes, héritées de sa famille. Après des mois de convalescence, il prit un emploi au bureau de partage d’informations à Hawaii où son nouveau poste lui donnerait le loisir de récupérer et d’accéder aux fichiers de la NSA pour confirmer l’existence d’un système de surveillance de masse.
Les programmes de la discorde
Snowden a découvert à Hawaii trois programmes qui surveillent l’ensemble de l’Internet.
PRISM a collecté toutes les données de courrier électronique, audio, vidéo et de discussion en ligne de sociétés telles que Microsoft et Google.
Upstream Collection a collecté tout le trafic Internet en s’appuyant directement sur les fournisseurs de services Internet.
Enfin, XKEYSCORE était un moteur de recherche capable de rechercher n’importe quelle personne et de lire tous ses courriels, son historique de recherche, ses médias sociaux et même ses vidéos en direct.
Cette surveillance de masse de la NSA était une violation flagrante du quatrième amendement, encouragée par les trois branches du gouvernement. Snowden rappelle dans son autobiographie que son engagement, comme tout agent, repose sur le respect et la défense de la Constitution, non du gouvernement en place. Snowden s’est rendu compte que le seul moyen de rétablir l’équilibre des pouvoirs entre les citoyens et le gouvernement serait de rendre public les informations classées secret défense en sa possession par le biais des médias.
Il a donc exfiltré des documents en contrebande sur de minuscules cartes SD glissées dans son Rubiks Cube, et les a sauvegardés sur un disque dur crypté. Le cryptage, la seule protection fiable contre la surveillance, garantissait une clé secrète suffisamment longue pour que toute la puissance de calcul du monde ne puisse la briser.
De la révélation à l’exil
Un matin de 2013, sans prévenir venir sa compagne ni aucune autre personne, Snowden prend l’avion pour ne plus jamais revenir jusqu’à aujourd’hui aux États-Unis. Coupé du soutien de ses proches, isolé dans une marée humaine, il atterrit à Hong Kong où il rencontre la documentariste Lauren Poitras et Glenn Greenwald du Guardian. Le 5 juin 2013, le Guardian publie le premier article sur la collecte de chaque enregistrement d’appel de la NSA par Verizon. Le 6 juin, le Washington Post publie un article sur le programme PRISM. Le 9 juin, Snowden publie une vidéo sur le Guardian pour assumer la responsabilité de la dénonciation.
Devant faire face à une demande d’extradition du gouvernement américain, Snowden veut se rendre en Équateur pour demander l’asile. Mais lors d’une escale en Russie, des officiels russes lui annoncent que le département d’État américain a révoqué son passeport et qu’il est par conséquent bloqué à l’aéroport. Il y vivra 40 jours, contactant 27 pays qui tous lui refusent l’asile sous la pression de son gouvernement. Finalement, le gouvernement russe lui accorde l’asile temporaire et met fin à cette épreuve.
Les révélations de Snowden ont obligé le Congrès américain à lancer plusieurs enquêtes révélant comment la NSA avait systématiquement menti sur les programmes de surveillance. Le programme de la NSA a finalement été jugé inconstitutionnel par les tribunaux fédéraux. La loi américaine sur la liberté (Freedom Act) interdisait de plus explicitement la collecte en bloc des relevés téléphoniques des citoyens américains sans leur consentement. Apple et Google ont adopté le cryptage sécurisé sur leurs appareils.
Malgré cela, Edward Snowden vit toujours en exil en Russie, toujours sous la coupe d’un mandat d’arrêt international que le gouvernement américain refuse d’annuler malgré les condamnations. Il y vit heureusement avec sa compagne, devenue sa femme, qui partage son exil forcé. Souhaitant poursuivre son engagement, Snowden est aujourd’hui à la tête de la Freedom of Press Foundation, qui se consacre à l’autonomisation du journalisme d’intérêt public grâce à de meilleures technologies de cryptage. La fondation apporte notamment son soutien à Signal, une plate-forme d’appel et de texte crypté, et SecureDrop, une plate-forme permettant aux lanceurs d’alerte de partager des fichiers avec les médias.
Aujourd’hui, Snowden consacre son temps à parler des libertés civiles à l’ère numérique aux législateurs, aux universitaires, aux étudiants et aux technologues du monde entier. Changer la loi pour s’adapter aux changements technologiques prend du temps. Jusque-là, les institutions tentent de tirer parti de cet écart pour défendre leurs intérêts. Les développeurs de logiciels indépendants peuvent combler cette lacune en construisant des technologies prenant en charge les libertés civiles. Bien qu’une réforme juridique puisse aider uniquement les citoyens, un smartphone crypté peut aider les populations du monde entier.
Vous n’étiez pas présent(e) lors de la conférence Gare aux GAFAM que j’ai donnée le 13 juin 2019 ? Vous étiez présent(e) et vous souhaitez revenir sur certains points ? Vous pouvez dès à présent la voir ou la revoir ci-dessous ou sur ma chaîne YouTube Nicolas Bariteau Consulting.
À qui s’adresse la conférence Gare aux GAFAM ?
Cette conférence s’adresse à toute personne souhaitant approfondir sa connaissance du monde dans lequel nous vivons. Elle constitue une introduction à un enjeux bien plus vaste, celui du développement de la culture et de la maturité numérique.
Elle a été donnée à l’origine pour un public de bibliothécaires de la région Nouvelle Aquitaine. Pourquoi une telle audience ? Parce que s’il y a bien un métier transformé par la Révolution numérique, c’est celui de bibliothécaire. En effet, non seulement ils utilisent des outils numériques quotidiennement mais ils jouent également un rôle majeur dans notre société de « passeur », de « médiateur », auprès du public.
Pourquoi la conférence Gare aux GAFAM peut-elle vous être utile ?
Malgré un usage quotidien d’Internet, des smartphones et des ordinateurs, il n’est pas facile de se repérer dans cet univers en perpétuel mouvement… Et de quoi parle t-on en fait ? D’informatique ? De numérique ? Et quelle est la différence déjà entre ces deux termes ?
Et plus largement, qu’est-ce qu’Internet, le Web, les GAFAM, ? Faut-il s’en méfier ou s’en féliciter ? Loin des préjugés et des avis partisans sur le monde numérique, cette conférence vous invite à adopter un regard nouveau, identifier ses principaux acteurs, comprendre les principaux enjeux, et exercer votre esprit critique, si necessaire, afin de devenir acteur et actrice du changement qui s’opère.
Vous saurez ainsi comment transitent les données web à travers le monde, que la carte mondiale des câbles de télécommunication est une vraie leçon de géopolitique. Vous cernerez mieux les liens entre les grands acteurs du domaine. D’ailleurs Dailymotion, c’est toujours français ? Et Instagram, entreprise indépendante ou non ?
Bref, avoir toutes les clés pour une pratique personnelle et professionnelle libérée de tous les préjugés ambiants dans le but de vous faire bénéficier d’un regard informé, critique et pertinent lors de vos prises de décisions.
Depuis plusieurs années, Aaron Swartz fait partie de ces figures tutélaires du Web, et plus largement du monde numérique, dont on ne sait plus très bien ce qu’elles ont fait. Mais son nom et son aura demeurent, intactes, pour tous les libres penseurs, les défenseurs des libertés, et les pourfendeurs de normes édifiées à la va vite. S’il était né quelques années plus tôt, son visage serait certainement apparu sur les campagnes d’Apple Think Different. Disons en tout cas que ce slogan lui collait parfaitement à la peau. Il s’est malheureusement suicidé en 2013 à l’âge de 26 ans.
Un ouvrage vient de paraître aux éditions B 42 intitulé Aaron Swartz, Celui qui pourrait changer le monde. Il réunit des écrits d’Aaron Swartz publiés pendant près de 10 ans sur son blog et autres publications. Culture libre, ordinateur, éducation, politique, les analyses d’Aaron se faisaient transversale avec en ligne de mire la nécessité de ne rien tenir pour acquis et de trouver des solutions simples grâce a la collaboration et la coopération des individus. Comme ce livre le rappelle dans une formule qu’il fait sienne,
« construisons juste quelque chose qui fonctionne ».
Ce credo, qui a fait le succès du Web et d’Internet, a bien souvent été attaqué, plus que de raison, par tous ceux qui pensent que le contrôle, la régulation et la censure permettent à la liberté de subsister plutôt que là saine émulation, parfois désordonnée, née des initiatives individuelles agissant dans un but commun. Bien sûr que son discours peut parfois sembler naïf ou utopiste, à moins que l’on ne se plonge dans ses textes et que l’on ne se rende compte alors que son propos était tout sauf simpliste. Il demeure même malheureusement encore d’actualité. Il fait notamment le récit de sa contribution à la lutte contre le projet de loi SOPA aux États-Unis, une tentative de censure d’Internet.
À la page 98, son texte fait écho à notre monde numérique actuel et les débats sur la fin de la neutralité d’Internet et autres tentatives d’atteinte à nos libertés d’expression ou de gestion de nos données personnelles. Il écrit :
« Et cela recommencera. Avec un nom différent, c’est certain, peut-être avec un autre prétexte, en provoquant des dégâts d’une autre manière. Mais ne vous y trompez pas : les ennemis de la liberté de connexion ne se sont pas évanouis. Cette fureur dans le visage des hommes politiques n’a pas été éliminée. Il existe un grand nombre de personnes, très puissantes, qui veulent bâillonner Internet. Et pour dire les choses franchement, il n’y en a pas tant que cela qui ont un intérêt manifeste à soustraire Internet à ces menaces. Même les plus grosses sociétés du Web, pour dire les choses comme elles sont, tireraient un grand bénéfice en évoluant dans un monde où des rivaux de taille bien plus modeste seraient censurés. Nous ne pouvons pas laisser les choses se dérouler ainsi. »
Je vous invite fortement à lire cet ouvrage, simple dans la forme mais plus complexe sur le fond, qui permet de ne pas oublier les enjeux et débats parfois cachés derrière la technologie. Réseaux sociaux, communications chiffrées, algorithmes, intelligence artificielle, sont autant de mots qui font écho à notre humanité bien plus qu’aux potentialités de progrès qu’elles supposent. Aaron Swartz n’a eu de cesse de mettre au premier plan l’humain et son discours n’a jamais été autant d’actualité. C’est une voix qui manque aujourd’hui pour nous aider à penser différemment notre monde numérique. Les débats seraient certainement vifs autour de Facebook, de Google, ou d’Amazon, s’il était parmi nous, mais, à n’en pas douter, son esprit est toujours vivant,
Je suis intimement persuadé que la réussite d’un projet n’est pas un dû et qu’elle doit se mériter jour après jour, avec persévérance, rigueur et organisation. Elle est le fruit de centaines d’actes qui, mis bout à bout, pierre après pierre, sans jamais perdre de vu l’objectif final permettent d’atteindre les résultats souhaités. Une vision se construit sur le long terme, et chaque décision doit être appréciée au regard de son impact sur la trajectoire tracée. Il n’existe pas de recettes miracles, de personnes providentielles, ni de méthodes magiques. Chaque réussite est le résultat d’un travail régulier, de passion et de persévérance.
The ThinkLab fut pendant plusieurs années le nom de ma société de conseil en stratégie digitale. L’année 2018 fut celle du changement de stratégie pour donner naissance à un nouveau projet en parallèle de mon activité de conseil, coaching et formation sous la marque Nicolas Bariteau Consulting. Ce nouveau projet devait-il porter un nouveau nom ? Pas forcément. Le nom The ThinkLab incarne je pense parfaitement celui-ci, signifié et signifiant ne font qu’un. The ThinkLab a vocation à être un laboratoire d’idée et de réflexion sur le numérique au service du bien commun. Il prend la forme d’un blog et à terme d’une plateforme de ressources pour développer la culture digitale et lutter contre l’illectronisme, en complément de mon activité de consultant formateur enseignant par lesquels j’y contribue dans une autre mesure et pour des profils spécifiques.
Un constat
Le court terme a envahi notre quotidien depuis la généralisation de la mobilité et de l’accès à Internet qui ont réduit l’espace et le temps. L’absence de recul ou de volonté de s’affranchir de ce rythme effréné conduit de nombreuses personnes à développer des pathologies liées au stress sans pour autant en comprendre l’origine. Le FOMO, ou Fear Of Missing Out, ingénieusement construit à base d’algorithmes et de ludification qui inondent nos vies d’images et d’information – ne parle-t-on pas d’infobésité et d’iconobésité – conduit bien des personnes sous emprise numérique à oublier tout esprit critique face à l’avalanche de sollicitations de leurs écrans.
Résultats ? La diffusion de fake news et le renforcement des biais cognitifs nés des bulles de filtrage algorithmiques de Google ou Facebook qui fragmentent notre société et mettent à mal la démocratie, le dictat du selfie au service de vie plus fantasmées que réelles qui influencent les modes de vie et de pensée de nombreux jeunes internautes, la course frénétique de nombreux médias plus à la recherche d’audience et de buzz que de profondeur de pensée faute d’avoir anticipé le changement de leur modèle… Bref, derrière tous ces phénomènes, présentés je reconnais de manière un peu anxiogène, une réalité se fait jour : nous baignons dans un monde que nous ne comprenons plus, bien souvent.
Une mission
Nous évoluons dans un monde de plus en plus connecté à Internet, où chacun est usager mais ne perçoit bien souvent qu’une infime partie du monde numérique. Afin d’évoluer en toute autonomie dans notre monde numérique, d’en maîtriser les enjeux pour en faire une force et non un fardeau, nous devons maîtriser un substrat minimum de connaissances et de savoirs. Mais comme le disait Rabelais dans Pantagruel, Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. La culture numérique n’est pas une question d’usage et ne se réduit pas à des connaissances technologiques. De même que l’illectronisme dépasse bien souvent les questions informatiques pour rejoindre celles de l’exclusion.
Loin de me contenter d’actions à court terme, je souhaite m’inscrire dans une vision à long terme et contribuer, même modestement à mon échelle, au développement de l’autonomie de tout un chacun dans un monde devenu complexe. Je prône une véritable philosophie qui s’appuie sur la volonté de privilégier le long terme et de faire mienne depuis plusieurs années une maxime :
La simplicité consiste à donner de l’ordre à la complexité.
Des actes
Que faire ? Rester spectateur ? Savoir mais se taire ? Soulever avec modestie mais conviction ce voile pour partager une vision réelle mais complexe ? Je me suis attelé à la tâche il y a plus de 10 ans via mes publications dans des magazines professionnels, mes blogs, mon activité de consultant, de coach, de formateur et d’enseignant à ce projet titanesque : décrypter notre monde baigné de numérique au profit du bien commun.
Si vous partagez ce besoin ou cette envie de comprendre notre monde numérique, je vous invite à rejoindre mon projet. Comment ?
Vous pouvez vous abonner à ma newsletter afin d’être alerté lors de la publication de nouveaux contenus, et s’ils vous plaisent, à les partager avec votre entourage personnel ou professionnel pour élargir le mouvement.
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Vous pouvez enfin me voir et m’écouter sur Instagram et YouTube.
Les professionnels subissent pour la plupart un des plus grands fléaux des entreprises : la réunionnite aiguë, ou comment passer plus de temps en réunion à organiser, planifier, et digresser, plutôt qu’à effectuer les tâches prioritaires. Pourquoi cela ? Parce que trop occupés à courir entre chaque réunion, les managers disposent de peu de temps, et ne prennent pas le recul nécessaire. Quand une réunion s’avère-t-elle indispensable ? Comment organiser et mener une réunion de manière à la rendre la plus productive possible ? Comment les réunions peuvent-elles renforcer la culture de l’entreprise ? Afin de répondre à ces questions, nous vous proposons de redéfinir les enjeux des réunions, leur rôle, et nous vous proposons de suivre quelques conseils pour leur redonner du sens et les rendre plus productives.
Efficacité et pertinence des réunions : un bien triste constat.
Seriez-vous surpris(e)s si je vous disais que selon certaines statistiques :
3 millards de réunions sont organisées chaque années par les entreprises.
Les cadres passent de 40 à 50% de leur temps de travail en réunion, soit plus de 20h en moyenne.
90% des participants à ces réunions reconnaissent y révasser.
73% avouent travailler sur leurs projets en cours pendant les réunions.
25% des réunions sont contrées à discuter de choses non pertinentes ou n’ayant aucun lien avec la réunion.
Qui n’a jamais participé à une réunion inutile ?
Qui ne s’est jamais dit : « Je ne sais même pas de quoi nous allons parler ! » ?
Nicolas Bariteau
Confrontées à un contexte en mouvance constante et à des ruptures technologiques rapides, de nombreuses entreprises sont prises dans un tourbillon qui les amènent à aller toujours plus vite faute de s’être transformées ou adaptées. Leur mot d’ordre, l’« agilité », égrainée comme un mantra ou une prière, est le nouveau sésame. Dans cette course folle, les managers et l’ensemble des équipes n’ont plus le temps : le temps de prendre du recul, de réfléchir, de discuter, de se poser. Les réunions ont un temps rempli cet office, mais il y a bien longtemps qu’elles ne répondent qu’à un objectif : ne pas rester sur place, quitte à reculer en prenant des décisions trop hâtives, sans suffisamment de recul, ou sans prendre en compte la charge de travail effective et les dysfonctionnements internes quant à la collaboration. Faire un point (encore un point) sur l’avancée des projets, recadrer ce qui semble déborder, digresser au-delà de l’ordre du jour, etc. Faut-il s’étonner, dans ces conditions, qu’elles soient organisées sans préparation et bien souvent sans aucun but, comme l’unique moyen permettant de collaborer et coopérer.
Redéfinir les enjeux et le rôle des réunions.
Les réunions sont des moments privilégiés, pas toujours agréables soyons honnêtes, de confronter les opinions et de favoriser les échanges, parfois vifs. Tels doivent être en tout cas les objectifs de ces réunions, acter et décider. Sinon autant envoyer un e-mail et s’en tenir à un outil de gestion de projet. Les réduire à une séance de reporting sans fin et de sanctions, ou à une chambre d’enregistrement de décisions prédéfinis, les transforment, pour la majorité des personnes, en des séances d’autoflagellation, de vexation, ou de temps perdu, qui nuisent à leur productivité.
La réunion est un moment important de partage mais aussi de confrontation.Il ne faut surtout pas sous-estimer l’impact des réactions émotionnelles sur son déroulé et l’atteinte des objectifs fixés. Alors qu’elle devrait être l’expression du professionnalisme de chacun, elle se transforme malheureusement bien souvent en règlement de compte ou en une logorrhée de justifications personnelles.
Une réunion ne se résume pas à un ordre du jour linéaire.
Il est donc important de bien l’envisager sous toutes ses dimensions pour qu’elle soit la plus fructueuse possible :
Stratégique : les participants sortiront-ils de réunion avec une vision plus claire de la situation, une meilleure compréhension des faits, et des actions bien définies à mener ?
Personnelle : les critiques ou questions soulevées remettent-elles en cause les choix effectués et les décisions prises individuellement ? La position hiérarchique ou la crédibilité d’un participant peut-elle s’en retrouver affaiblie ?
Émotionnelle : comment va réagir telle ou telle personne face à un choix difficile ou la nécessité d’éclaircir une difficulté ou de justifier un acte ? Est-ce une personne émotive, combative, effacée, têtue, etc ? Il peut s’avérer plus efficace dans certains cas de ne pas faire participer certaines personnes dont le comportement serait un frein à l’atteinte des objectifs de la réunion. Il convient plutôt d’organiser un face à face qui permettra à la personne de ne pas se sentir mise en défaut, agressée ou acculée devant le groupe, ce qui aboutirait à un blocage.
Une réunion doit être jugée à l’aune de son utilité pour les participants.
Elle ne doit en aucun cas constituer un frein à leur efficacité ou à leur productivité. Il est donc capital de se poser 4 questions avant d’organiser une réunion :
Qui doit être présent et quels sont les besoins des participants ?
Qui ne doit pas être présent mais sera impacté par la réunion ? Quels sont leurs besoins ? Comment leur transmettre les faits et décisions utiles qui auront une influence sur leur travail ?
Dans quel contexte plus large s’inscrit la réunion, et quels défis et opportunités s’y rattachent ?
Si la réunion est une réussite, que sont censés ressentir, savoir, et faire vos collaborateurs au bout du compte ?
Une fois ces questions résolues, vous devez joindre les participants et les personnes impactées individuellement, de préférence physiquement, et les briefer sur la tenue de la réunion en leur expliquant les tenants et aboutissant (objectifs, sujets abordés et transmission des décisions ou actions définies).
Choisissez le moment le plus opportun et évitez de multiplier ces rencontres sans laisser suffisamment de temps à vos collaborateurs de les préparer.
Si vous organisez des réunions récurrentes avec les mêmes participants, prenez l’habitude de : – Appliquer toujours ce processus afin de maintenir une relation de confiance, – Identifier des problématiques cachées ou des non dits, – Favoriser l’implication des participants en leur permettant de la préparer. Une réunion non préparée par l’ensemble des participants n’a pas lieu d’être.
Créer une trame pour le déroulé de vos réunions
Bien souvent les réunions sont organisées sans but précis autre que celui de justifier leur mise en place et de répondre à une décision managériale. D’un objectif souvent clair à l’origine, lors de sa mise en place, la réunion finit peu à peu par se justifier elle-même comme une prédiction auto réalisatrice de la conduite à tenir pour mener les projets à leur terme. Résultat : ils n’avancent pas. Ou plutôt, ils avancent grâce aux multiples réunions informelles en petits comités, courtes et organisées sur un point précis, qui donnent le sentiment d’avoir été productif et efficace. Quand ce phénomène se généralise, il est temps de revoir le management et de redéfinir la pertinence et la nature des réunions.
Il faut donc fixer un objectif précis pour chaque réunion et définir des sujets clefs à aborder pour atteindre le résultat souhaité : des décisions claires pour tous et une feuille de route.
En amont de la réunion
Fixez un objectif clair. Si les participants ne connaissent pas le but de la réunion, ils ne pourront pas s’y préparer et elle s’avèrera inutile. Faute d’objectif fixé, la réunion doit être annulée, comme chez Intel qui procède ainsi.
Sélectionnez les participants et limiter leur nombre. Les réunions ont vite fait d’être incontrôlables s’il y a trop de monde dans la salle. Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a instauré la « Règle des deux pizzas. » Son idée repose sur un constat connu de tous : s’il y a trop d’intervenants à une réunion, cette dernière est inefficace. Pour le chef d’entreprise, il faut donc « ne jamais faire de réunion où deux pizzas ne peuvent pas nourrir chaque personne qui y assiste ». S’il y a trop de monde, les gens ont tendance à taire leurs opinions. À l’inverse, s’il n’y a pas assez de participants, les opinions ne seront pas assez diverses. Il faut n’inviter que des personnes dont la parole compte pour l’ordre du jour.
Établissez un ordre du jour précis: envoyer leur par e-mail l’agenda de la réunion ainsi que toutes informations utiles en amont. La liste des sujets abordés doit être rédigée sous forme de questions qui ont l’avantage d’indiquer le résultat attendu. Plutôt que d’inscrire « Discuter du plan de communication », vous pouvez écrire « Quand le plan de communication sera-t-il finalisé ? » Il s’avère judicieux aussi d’indiquer pour chaque élément de la liste, le rôle des participants (partage d’informations, avis consultatif, décision, etc). Moins commun en revanche, n’oubliez pas d’y joindre une liste des sujets qui ne seront pas discutés au cours de la réunion.
Associez les participants à l’élaboration de l’ordre du jour en amont en les incitant à transmettre à l’organisateur une question prioritaire et des problématiques secondaires qui doivent être étudiées et résolues, déléguées ou mises au prochain ordre du jour à l’issue de la réunion. Chez Facebook, par exemple, chaque participant doit envoyer en amont ses pistes de travail. Le but : permettre à tous d’y réfléchir pour gagner du temps et se pencher directement sur les problèmes à régler.
Listez les décisions qui doivent être prises. Les réunions ont pour objectif de prendre des décisions, d’acter un certain nombre de choix et non de simplement constater une avancée dans les projets menés. L’utilisation d’outils de gestion de projet permet de limiter ce type d’échanges pour n’en conserver que la dimension décisionnelle ou d’arbitrage en réunion.
Pendant la réunion
Incitez les participants à délaisser autant que possible l’usage des écrans et leur préférer un carnet de prise de notes au format papier autant que possible. L’ordinateur ou la tablette créent une barrière entre les interlocuteurs et détournent plus fortement l’attention et le regard qu’un stylo. Au-delà des habitudes et des préférences, l’échange de regards est aussi un moyen de jauger la personne avec qui vous discutez, son état d’esprit, ses doutes, ses gênes, bref tout ce qui peut traduire un malaise ou une incompréhension. S’ils vous paraissent trop importants, il conviendra de les soulever et les régler après la réunion en face à face et non devant le reste du groupe réuni.
Arbitrez le temps de parole de chacun. Certaines personnes ont tendance à monopoliser le temps de parole et enchainent parfois les digressions sans répondre aux questions posées. Il est capital que chacun puisse s’exprimer sans que chacun soit lésé. Vous devez autant que possible limiter ces monologues en invitant son émetteur à en parler plus tard en lui proposant un moment comme une pause ou un déjeuner afin que le sujet ne revienne à nouveau lors de la réunion.
Limitez les digressions. Une réunion doit respecter l’ordre du jour établi et communiqué en amont. Toute digression perturbe les échanges et dérègle le système de confiance que vous avez mis en place, un temps pour chaque chose. Si vous sentez qu’un participant digresse volontairement, parce qu’il n’accepte pas une décision ou le tour que prend la discussion, ne l’en blâmez pas, mais faites plutôt une remarque comme : « Vous nous avez interrompu à plusieurs reprises. Y-a-t-il quelque chose qui vous dérange ? » Cela aura le mérite de clarifier la situation et de proposer de régler le différent à un moment opportun.
Soignez les transitions entre les différents points de l’ordre du jour. Les animateurs des réunions ont tendance à passer assez abruptement d’un point à l’autre lorsqu’ils estiment la question réglée ou suffisamment débattue. Les participants peuvent s’en trouver frustré. Avant de passer au point suivant, demandez leur s’ils ont quelque chose à ajouter et laissez leur le moyen d’être acteur de la réunion. En laissant ces respirations dans la feuille de route, vous leur permettrez de rester concentré et de ne pas avoir l’impression que la réunion leur échappe à marche forcée.
Définissez des listes d’actions à mener pour la prochaine réunion. Une réunion productive est une réunion qui s’achève avec clarté et sur une note positive, autant que faire se peut. Il est important que la conclusion se fasse en commun et que vous demandiez aux participants leur vision sur les suites à donner. Posez leur des questions : Quelles seront les prochaines étapes ? Qui sera responsable de tel ou tel point ? Dans quel délai cela sera-t-il possible ? Notez les réponses et partagez-les par e-mail afin que tout le monde ait la même information et la feuille de route, et que personne ne puisse revendiquer un manque de clarté. La prochaine réunion s’en trouvera plus efficace grâce à ce cercle vertueux.
Après la réunion
Fixez un rappel intermédiaire pour s’assurer de la réalisation des actions décidées. Cela peut traître contraignant, mais cela vous fera économiser un temps précieux.
Ne pas les reconduire ad vitam aeternam réunion après réunion, ce qui saperait la confiance que vous ont conféré vos collaborateurs, et nuirait à la clarté du projet concerné dans son ensemble.
Faites des réunions l’incarnation de votre culture d’entreprise.
Les réunions que vous organisez ou auxquelles vous participez ne se résument pas à une liste de missions ou de tâches à valider, déléguer ou reporter. Elles sont aussi et surtout l’opportunité de diffuser la culture de l’entreprise et de la mettre en oeuvre avec vos collaborateurs en faisant en sorte que l’organisation et la tenue de la réunion incarne cette culture. Afficher dans les espaces de réunion les principes fondamentaux qui régissent la culture de l’entreprise est un moyen simple et efficace de rappeler à tout le monde, y compris les managers et les dirigeants, ce qui doit guider les décisions et dans quel état d’esprit chacun doit être.
Les participants doivent percevoir les réunions comme un puzzle.
Roger Schwarz, auteur du livre Smart Leaders, Smarter Teams, a pour habitude de dire que la personne qui organise la réunion doit être comme « un intendant de toutes les idées dans la pièce. » En tant qu’organisateur, votre rôle est moins de convaincre les participants de votre point de vue que de rester à l’écoute de chacun. Vous devez garder en tête que vous ne pouvez avoir une réponse à tout. En revanche, vous êtes celui ou celle qui va permettre aux participants de repartir avec une solutionou une orientation. Roger Schwarz rappelle que « les participants doivent percevoir les réunions comme un puzzle – leur rôle est de mettre les pièces sur la table et définir ensemble leur ajustement ».
La forme des réunions dépend de votre culture
Elles peuvent débuter ou s’achever d’une manière inattendue, plus ou moins drôle ou inspirante, en ayant recourt à des vidéos, des photos, de la musique pour favoriser la créativité si nécessaire. Ces médias permettent de rythmer la réunion et évite les décrochages d’attention. Cela vaut aussi pour les participants et leur intervention sur les sujets qui les concernent. Les professionnels qui ont eu recours à ce type de technique d’animation témoignent généralement que cela a transformé la perception des réunions et l’investissement des participants. Les gens se sentent plus écouté, plus valorisé, plus responsabilisé. À condition bien sûr que ces réunions ne se transforment pas en parc d’attraction, ou que les formes prises soient en contradiction avec la culture interne qui doit guider vos actions. L’enjeu principal est d’en faire un moment privilégié d’échange où règne l’efficacité et la productivité.
Le contexte dans lequel se déroule la réunion est déterminant.
Un cadre chaleureux et cosy, très à la mode en ce moment avec des matières nobles, du bois, des textiles originaux, des couleurs plus ou moins vives, donnent le ton et influent forcément sur le comportement des gens et la perception des critiques. Si votre culture prône le dialogue, un échange convivial paraîtra d’autant plus chaleureux dans ce type d’ambiance. Car nous autres, être humains, sommes sensibles à notre environnement. Ce type d’environnement permet de réguler les tensions, mais il rend aussi d’autant plus difficile l’acceptation de paroles déplacées ou virulentes. C’est donc un outil à manier avec prudence autant pour les managers que leurs équipes. À l’inverse, une ambiance plus froide et impersonnelle avec du mobilier industriel, du carrelage, et des couleurs froides, renforce les situations de stress mais élimine l’affect des discussions. En tant que manager, vous devez veiller à ce que le contexte soit en phase avec la réunion que vous organisez.
De nos jours,les réunions ne sont plus seulement en présentiel mais aussi à distance avec le développement des technologies numériques, des tiers-lieux, et du télétravail. Il est important d’en tenir compte lorsque vous devez organiser des réunions physiques ou à distance, comme les visio-conférences, car elles ne remplissent pas le même office. Pour reprendre les paroles de Marshall McLuhan, et les adapter à notre propos, le support est le message. Il influence sa compréhension du fait que les participants ne se comportent pas par écran interposé comme ils le feraient en face-à-face. Mais cela est une autre histoire que je me ferai un plaisir d’aborder prochainement.
Le digital crée forcément une rupture dans votre industrie ou dans votre secteur, et vous n’y échapperez pas, si l’on en croit les titres des articles de journaux et magazines professionnels. Sur le fond je suis d’accord, mais la réalité est moins tranchée que cela. Il serait bien entendu assez naïf de penser que rien n’a besoin d’évoluer ou que rien ne changera dans votre activité. La majorité des prédictions sur la manière dont cela se passera, les déclarations des gourous et autres consultants experts autoproclamés, ont bien souvent été trop prises au pied de la lettre et pas suffisamment nuancées. Je vous propose donc de remettre en perspective quatre grands principes de disruption afin de ne pas commettre d’erreurs stratégiques qui vous seraient préjudiciables.
Confondre vitesse et précipitation.
Une des caractéristiques de l’ère digitale est la vitesse du changement. Et parce que le monde change vite, les entreprises devraient aussi s’adapter rapidement. Attention aux apparences trompeuses.
L’idée que le monde change plus vite qu’auparavant est en fait erronée, ce que tendent à montrer de nombreuses recherches. Même si votre secteur supporte des changements rapides, cela ne signifie pas pour autant que votre entreprise doit elle aussi évoluer rapidement. Il est même recommandé d’attendre. Si vous êtes dans un secteur qui évolue rapidement et que vous souhaitez également évoluer rapidement vous risquez de commettre de nombreuses erreurs, faute d’avoir pris suffisamment de recul. Les GAFAM peuvent se permettre de prendre des risques avec leurs moyens démesurés, comme Google avec ses Google Glass arrivées trop tôt ou Amazon avec son smartphone Fire, mais certainement pas vous.
Il est bien souvent préférable de se donner le temps de comprendre le changement. Si l’environnement de votre entreprise évolue rapidement sous l’effet de nouvelles technologies, il est préférable de ralentir plutôt que d’accélérer. Compte tenu des incertitudes autour des évolutions numériques, vous devez être en mesure de différencier les tendances des mouvements de fonds. Cela peut sembler paradoxal mais dans un environnement qui évolue rapidement, il est urgent d’attendre.
Vouloir être le premier à adopter une stratégie de rupture dans son secteur.
L’erreur la plus fréquente consiste à penser que dans le monde digital le premier arrivé emporte tout. De nombreux business model liés aux technologies digitales reposent sur ce que l’on appelle l’effet de réseau. Avec l’effet de réseau, selon lequel le pouvoir d’attraction ou la valeur grandit avec le nombre d’utilisateurs, l’acteur ayant le réseau le plus important s’impose à ses concurrents. Autrement dit, plus vous aurez d’utilisateurs et de clients, plus votre modèle économique sera censé être efficace. Par exemple, les gens s’inscrivent sur Facebook parce que la plupart de leurs amis et membres de leurs familles s’y trouvent, ce qui en retour permet à Facebook de collecter de très nombreuses données sur eux et d’attirer les annonceurs et publicitaires qui veulent les toucher. Il n’y a qu’à voir l’ampleur de Facebook face à ses rivaux MySpace puis Google+. C’est la raison pour laquelle des entreprises comme Uber veulent grossir rapidement, et aussi pourquoi leurs investisseurs ne s’inquiètent pas lorsqu’ils perdent beaucoup d’argent le temps d’atteindre une taille critique. Il faut dire qu’ils perdent parfois énormément à ce jeu là : les pertes de Uber s’élevaient à plus de 1,27 milliards de dollars rien qu’au premier semestre 2016.
Cet effet fonctionne parfois mais ce n’est pas une constante carles réseaux sont rarement exclusifs. Si vous voyagez à Singapour, par exemple, vous comprendrez pourquoi. Chaque chauffeur de taxi utilise au moins deux téléphones mobiles de manière à répondre aux commandes provenant de polisseurs plate-formes de réservation. Ces chauffeurs de taxis sont constamment au cœur d’une compétition entre réseaux, et la majorité d’entre eux ont au moins deux applications sur leurs smartphones. Quand on les contacte pour une course ils regardent rapidement chaque application, et choisissent la course qui sera la plus intéressante en terme de rapidité et de rémunération.
C’est une erreur de penser que l’effet de réseau aboutit inévitablement à un leader qui emporte tout le marché. Parfois cela est vrai, mais il y a aussi de nombreux marchés qui supportent plusieurs acteurs concurrents.
Penser que le digital crée des ruptures de substitution.
Une troisième erreur concernant la disruption digitale est de penser que les nouvelles technologies vont inévitablement se substituer aux anciennes, les rendant obsolètes. Certes, les e-mails ont remplacé le fax, la mémoire flash a remplacé les disquettes, et Wikipédia a remplacé l’Encyclopaedia Britannica. Cependant les secteurs dans lesquels on retrouve cette substitution sont des exceptions à la règle. Dans la majorité des cas le digital constitue un complément plus qu’un substitut. Cela crée une dynamique complètement différente au sein des marchés. Prenez une de mes activités, l’enseignement et la formation. Lorsque j’interviens en tant qu’enseignant et formateur, j’entends dire que l’e-learning a rendu le présentiel obsolète, que les centres de formation, les universités et les écoles seront remplacés par des universités en ligne, et que les MOOC seront bientôt la norme. Ce n’est pas ce que l’on constate : l’enseignant et le formateur se transforment en tuteur et l’apprentissage en ligne intervient en amont ou en aval du présentiel pour s’assurer que tous les apprenants bénéficieront d’un même socle de connaissance préalable et pourront approfondir ou évaluer leurs compétences acquises.
Dans la majorité des marchés le digital ajoute une nouvelle valeur, comme un gain de rapidité, ou remplace un ancien élément mais rarement les deux. L’e-commerce ne remplace pas le commerce physique, en revanche il conduit à le repositionner en terme d’offre et d’usage. La raison principale de ce phénomène vient du fait que les modèles économiques et la création d’avantages compétitifs sont des systèmes complexes. Ils sont composés de nombreux éléments, certains tangibles, d’autres intangibles, qui interagissent les uns avec les autres, dans une interdépendance difficile à reproduire. Par conséquent, il est stratégiquement plus efficace de chercher à identifier des complémentarités plutôt que de vouloir remplacer totalement existant.
Réduire la disruption à une logique de plate-forme
Une quatrième erreur, fréquente, consiste à penser que la disruption digitale fait disparaître les frontières, géographiques ou sectorielles. Maintenant que nous pouvons communiquer instantanément avec n’importe qui n’importe où dans le monde, nous pouvons nous affranchir des frontières. Le digital modifie nos conceptions de l’espace et des distances, mais il ne les abolit pas pour autant. Internet est en soi un espace où tous les internautes peuvent échanger des informations mais la structure même d’Internet est liée aux états qui définissent ces échanges d’un continent à l’autre et entre les pays. Les barrières à la communication s’effacent mais les frontières étatiques demeurent comme la Chine et la Russie nous le rappellent bien souvent. La disruption se nourrit de l’idée de la mise en relation sans limites grâce à Internet et s’exprime à travers celle des plate-formes et polices de marché comme iTunes, YouTube, Amazon, etc.
Prenons l’exemple de l’industrie du conseil, autre pendant de mon activité. Elle est restée stable pendant des décennies. Les plus grands groupes de conseils ont plus ou moins fait la même chose année après année : mettre des consultants spécialisés à la disposition de leurs clients dans un cadre bien établi.
Cependant, récemment, de nouvelles sociétés de conseil se sont créées autour de l’idée qu’il y a certainement d’autres manières et peut-être plus efficaces de faire se rencontrer entreprises et consultants en sortant de ces frontières de marché. Certains ont créé des plates-formes digitales où l’offre, les consultants, et la demande, les entreprises, se rencontrent via des systèmes de recherche dans une base de données de ressources. D’autres ont créé des bases de données de consultants free-lance permettant aux entreprises de trouver l’expert correspondant le mieux à leurs besoins. Mais ces nouveaux acteurs ont sous-estimé l’importance des interactions humaines. Dans le monde du conseil, il est extrêmement important d’être capable de lire et de décrypter les émotions, les intentions et la personnalité de chaque interlocuteur. Le facteur humain est tout aussi important que l’expertise du consultant, comme dans la transformation digitale des entreprises, où 80% des enjeux sont portés par l’humain, et seulement 20% par la technologie.
Disruption digitale : de l’avantage compétitif à l’avantage adaptatif
Le digital change la nature de la concurrence des avantages compétitifs dans de nombreux secteurs comme tous les changements technologiques majeurs auparavant. Cependant ce changement ne sera pas uniforme. Les technologies numériques affectent aujourd’hui et affecterons dans le futur de différentes manières chaque secteur et chaque activité. Il est capital de saisir ces nuances afin de prendre de bonnes décisions stratégiques qui réduiront la complexité plutôt que de l’augmenter faute de discernement en voulant brûler les étapes. L’avantage n’est désormais plus seulement compétitif mais aussi adaptatif. La capacité à s’adapter aux changements nombreux qui se succèdent, parfois à une vitesse effrénée, prend le pas dans bien des cas sur la compétitivité.
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